Comment choisir sa chaîne et son câblot de mouillage ?

Comment choisir sa chaîne et son câblot de mouillage ?

Chaîne et câblot constituent, avec l’ancre, votre ligne de mouillage.

La résistance à la rupture de la chaîne d’ancre et du câblot sont vos premiers critères de choix : elles doivent être suffisamment élevées pour supporter les efforts générés par le vent, le courant et la houle sur votre ligne de mouillage. Elles dépendent du diamètre de la chaîne ou du câblot ainsi que de son matériau constitutif (acier standard ou haute résistance pour la chaîne, polypropylène, polyester ou autre pour le câblot).

Les longueurs de chaîne d’ancre et de câblot dépendent de vos zones de mouillage et de vos préférences personnelles quant aux proportions de l’un et de l’autre dans la ligne de mouillage.

Le poids de la ligne de mouillage est un autre paramètre à prendre en compte car il influence les performances de votre embarcation en navigation (en particulier sur les voiliers). Une fois l’ancre choisie, c’est le diamètre et la longueur de la chaîne qui dictent le poids de l’ensemble.

Enfin, si vous êtes équipé d’un guindeau, les maillons de la chaîne de mouillage doivent être adaptés au barbotin.

Quel matériau pour ma chaîne de mouillage ?

Pour résister à la corrosion et subir sans dommage les efforts induits par le vent et la mer, les matériaux utilisés pour les chaînes d’ancrede mouillage sont généralement l’acier galvanisé ou l’acier inoxydable.

Les deux matériaux affichent des comportements mécaniques équivalents et les chaînes de mouillage constituées de l’un ou l’autre présentent des résistances à la rupture similaires. Celle-ci est mesurée par la valeur de la charge à la rupture de la chaîne : c'est le niveau d’effort que peut supporter la chaîne sans déformation permanente ou rupture. Quel que soit le matériau, les niveaux sont comparables pour un même diamètre de chaîne.

Qu’il soit inoxydable ou galvanisé, l’acier peut être standard ou à haute résistance (parfois appelé haute performance). Les chaînes en acier haute résistance présentent une charge à la rupture plus élevée à diamètre équivalent que celles en acier standard.

Chaîne d’ancre en acier galvanisé

La chaîne en acier galvanisé est la plus économique et équipe la majorité des bateaux. À l’usage, elle est cependant plus sensible à la corrosion.

La galvanisation consiste en la dépose d’une fine couche de zinc à la surface de l’acier. C’est elle qui en prévient l’oxydation. Avec le temps, les frottements sur les fonds marins endommagent la couche de zinc, la chaîne perd alors ses propriétés antioxydantes et des traces de rouille apparaissent.

Tant que la rouille reste superficielle, vous pouvez faire regalvaniser votre chaîne d’ancre chez un professionnel pour qu’elle retrouve toutes ses propriétés anticorrosion.

Si vous êtes équipé d’un guindeau, la chaîne en acier galvanisé a tendance à s’empiler en forme de pyramide  à la sortie du barbotin. Si le puits de chaîne n’est pas suffisamment profond, cela peut bloquer le guindeau.

Chaîne d’ancre en acier inoxydable

La chaîne en acier inoxydable offre une meilleure protection contre la corrosion et ne laisse pas de traces de rouille sur le pont, c’est aussi la moins économique.

C’est la teneur en chrome de l’acier inoxydable qui lui confère ses propriétés antioxydantes. En conséquence, une chaîne en acier inoxydable est insensible à l’usure ou au frottement sur les fonds marins.

Si vous êtes équipé d’un guindeau, les maillons d’une chaîne d’ancre en acier inoxydable sont lisses et glissent les uns sur les autres dans le puits de chaîne pour se répartir uniformément. Il n’y a alors pas de risque de former un blocage à la sortie du guindeau.

Que signifient les normes DIN ou ISO des chaînes d’ancre ?

Votre chaîne d’ancre est un élément fondamental de la sécurité au mouillage de votre embarcation et de son équipage. Une chaîne calibrée selon la norme DIN ou ISO garantit à la fois les dimensions des maillons et le niveau de résistance à la rupture.

En Europe, les chaînes d’ancre calibrées sont produites en suivant les normes de fabrication et de calibrage DIN 766 ou ISO 4565 qui imposent les dimensions des maillons.

La seule grandeur commune aux deux normes est le diamètre du fil d’acier utilisé pour fabriquer un maillon (6 mm, 8mm, etc.). C’est cette dimension qui est appelée le diamètre de la chaîne.

Pour un diamètre de chaîne donné, la longueur, la largeur et l’écartement (espace interne) des maillons peuvent changer suivant la norme.

Si vous n’utilisez pas de guindeau, choisissez indifféremment une chaîne DIN ou une chaîne ISO afin que le niveau de résistance à la rupture soit certifié.

Si vous utilisez un guindeau, votre chaîne de mouillage doit être calibrée à la norme ISO ou DIN adaptée. Si les dimensions des maillons (longueur, largeur, diamètre) ne correspondent pas parfaitement aux spécifications, la chaîne « saute » sur le barbotin avec le risque de l’endommager et qu’elle se déverse dans l’eau sans pouvoir la retenir.

Quel diamètre de chaîne de mouillage choisir ?

Plus le diamètre de la chaîne est grand, plus sa charge à la rupture est élevée. Le diamètre de votre chaîne d’ancre doit donc être adapté au déplacement (poids) et au fardage (prise au vent, généralement proportionnelle à sa longueur) de votre embarcation ainsi qu’à vos conditions de mouillage.

Il n’existe pas de préconisations réglementaires, mais des recommandations en fonction de la longueur et du déplacement de votre bateau. Si longueur et déplacement n’indiquent pas le même diamètre, choisissez le plus élevé.

Ces recommandations sont adaptées pour des conditions générales de pratique de la plaisance nautique. Si votre bateau est plus lourd que la norme ou à la limite de la préconisation, si son fardage est particulièrement élevé ou encore si vous prévoyez des conditions de mouillage difficile (tempêtes ou cyclones, mouillage peu abrité de la mer, etc.), il peut être judicieux de choisir un diamètre de chaîne supérieur.

Les préconisations de diamètre sont données généralement pour un acier standard et correspondent à un niveau de charge à la rupture. Si vous optez pour un acier haute résistance (ou haute performance), le diamètre sera plus petit et doit correspondre au même niveau de charge à la rupture.

Chaîne de mouillage ou câblot ?

Le choix entre chaîne et câblot dépend de vos habitudes de navigation et de votre équipement. Plus il y a de câblot, plus votre ligne de  mouillage est légère et facile à manipuler. Cependant, si vous disposez d’un guindeau électrique, la chaîne facilite les opérations de mouillage.

Les câblots ont généralement des niveaux de résistances à la rupture des niveaux de charge à la rupture suffisamment élevés pour accommoder la plupart des embarcations de plaisance. Par rapport à la chaîne, ils sont beaucoup plus élastiques et s’allongent sans s’endommager sous les efforts. Cela en fait d’excellents amortisseurs des à-coups dus aux rafales de vents et à la houle.

Compte tenu des propriétés d’allongement du câblot et de la rigidité de la chaîne, même une ligne de mouillage toute en chaîne se voit généralement associer une patte d’oie constituée d’un ou deux mètres de câblot. La patte d’oie est amarrée à bord puis reliée à la chaîne d’ancre via un connecteur appelé main de fer. Elle fait ainsi office d’amortisseur entre la ligne d’ancre (ancre plus chaîne) et le bateau.

D’autre part, la chaîne résiste mieux aux frottements sur les fonds marins et il est généralement recommandé de disposer de quelques mètres à la jonction avec l’ancre.

Pour la voile légère, les annexes de bateau, les Jet-Skis, etc., un ou deux mètres de chaîne et du câblot sont suffisants, la légèreté et la facilité de manipulation à la main sont les critères les plus importants.

Pour les autres embarcations, si votre bateau est équipé d’un guindeau électrique, le poids de la ligne de mouillage lorsque vous remontez l’ancre n’est pas pénalisant et la chaîne est plus pratique. Certains guindeaux sont équipés d’une poupée (une sorte de winch non self-tailing) qui permet d'embraquer du câblot, mais la manipulation et le stockage sont plus compliqués qu’avec la chaîne.

Sans guindeau ou avec un guindeau manuel, le câblot à l’avantage d’être beaucoup plus léger et de pouvoir se passer sur un winch pour aider à remonter l’ancre.

À l’ancre, câblot et chaîne génèrent des comportements de votre bateau différents lorsque le vent et le courant sont faibles. Avec de la chaîne, le bateau reste plus ou moins à l’aplomb du point de contact de la chaîne avec le fond marin. Avec du câblot, le bateau se déplace au gré du vent et du courant même quand ils sont faibles.

Si votre embarcation est équipée d’un guindeau électrique, un bon compromis est d’embarquer suffisamment de chaîne pour couvrir la majorité de vos configurations de mouillage. Un complément de câblot permet de faire face aux situations exceptionnelles comme un mouillage plus profond ou un coup de vent.

Le câblot étant plus économique que la chaîne, vous limitez les coûts tout en diminuant le poids en navigation de votre bateau.

Quelle longueur de chaîne de mouillage ?

Pour couvrir la plupart des situations, il est généralement recommandé de pouvoir mouiller 5 à 7 fois la hauteur d’eau à marée haute, c’est-à-dire la distance entre le fond marin et le point de contact de la ligne de mouillage sur l’embarcation (le davier si vous en êtes équipé).

Plus une ligne de mouillage est longue, plus les efforts exercés sur l’ancre sont parallèles aux fonds marins et meilleure est sa tenue. À l'inverse, plus la ligne de mouillage est courte et moins la tenue de l’ancre est bonne car les efforts d’arrachements deviennent importants.

Si vous êtes au mouillage quelles que soient les conditions de vent et de houle ou si vous effectuez des sorties de plusieurs jours, une longueur de chaîne de l’ordre de 7 fois la hauteur d’eau de vos mouillages habituels est conseillée. Prévoyez du câblot supplémentaire pour allonger votre ligne de mouillage si besoin.  

Si vous pratiquez essentiellement les sorties à la journée, 4 à 5 fois la hauteur d’eau de vos mouillages habituels est généralement suffisant. Par sécurité, ayez toujours à bord un câblot d’une longueur qui permet d’ajouter 2 ou 3 hauteurs d’eau supplémentaires.

Comment relier la chaîne à l’ancre

La liaison ancre-chaîne doit présenter une résistance mécanique au moins équivalente à celle de votre chaîne pour ne pas affaiblir votre ligne de mouillage. Elle est en acier galvanisé ou inoxydable pour résister à la corrosion et au ragage (frottement) contre les fonds marins.

Quel que soit le type de jonction utilisée, vérifiez la compatibilité avec la largeur intérieure des maillons de la chaîne. Si besoin, sécurisez la jonction en position avec du frein filet pour les manillons à tête six pans et du fil en acier galvanisé ou inoxydable pour les autres.

La manille : sûre et économique

La manille de mouillage est la solution la plus économique. La manille doit être galvanisée ou en acier inoxydable et sa résistance à la rupture doit être au moins équivalente à celle de la chaîne.

Choisissez une manille à la norme CE pour garantir sa qualité.

Un émerillon ou une jonction articulée pour prévenir la torsion de la chaîne

L’émerillon de mouillage et la jonction articulée évitent à la chaîne de se torsader lors des bascules de vent ou de courants.

Moins économiques que la simple manille de mouillage, ces jonctions évitent que le guindeau électrique se bloque ou que la chaîne « saute » sur le barbotin quand elle est torsadée.

Comment relier la chaîne et le câblot ?

La liaison chaîne-câblot ne doit pas affaiblir la ligne de mouillage, les nœuds sont donc exclus car ils peuvent diminuer de moitié la résistance charge à la rupture du câblot.

L’épissure sur chaîne pour passer dans l’écubier et le guindeau

L’épissure du câblot sur la chaîne permet de conserver plus de 80 % de sa résistance charge à la rupture et de limiter la surépaisseur pour rester compatible avec l’usage du guindeau ou le passage dans un écubier.

La manille et la cosse épissée sur câblot : un assemblage sûr et démontable

La charge à la rupture de la manille doit être au minimum équivalente à celles du câblot et de la chaîne. Choisissez une manille de mouillage en acier inoxydable ou galvanisée et sécurisez sa fermeture (frein filet ou fil de fer anticorrosion).

Cet assemblage n’est pas recommandé pour passer dans des écubiers ou sur un guindeau.

Comment relier la ligne de mouillage à votre bateau

La ligne de mouillage doit toujours être attachée à votre bateau pour éviter de la perdre sur une fausse manipulation ou à la suite d’un dysfonctionnement de votre guindeau.

L’extrémité libre de la ligne de mouillage (chaîne ou câblot) est généralement fixée à un point d’attache dans le puits à chaîne. La fixation doit être suffisamment solide pour supporter le poids de du mouillage complet (chaîne et ancre) et doit pouvoir être sectionnée facilement en cas d'urgence.

Entretien de la chaîne ou du câblot

Chaîne et câblot demandent peu d’entretien courant, un simple rinçage occasionnel à l’eau douce est suffisant.

Si vous hivernez au sec, stocker si possible la chaîne d’ancre hors du puits à chaîne et dépliée à plat.

Si votre chaîne en acier galvanisée montre des traces de rouille, vous pouvez refaire la galvanisation chez un professionnel. Surveillez le diamètre des maillons, lorsqu'il se réduit de plus de 10 %, changez votre chaîne.

Accessoires de chaînes de mouillage 

De nombreux accessoires sont disponibles pour faciliter l’usage de votre ligne de mouillage, voici notre sélection des plus utilisés.

Crochet de mouillage ou main de fer

Le crochet de mouillage, aussi appelé main de fer, est un dispositif qui permet de relier solidement et rapidement la chaîne de mouillage et la patte d’oie en câblot.

Une fois que la longueur de chaîne voulue a été lâchée, un crochet ou une manille à la forme spécifique se fixe autour d’un maillon pour sécuriser en position la patte d’oie. Laissez filer quelques mètres de chaîne supplémentaires jusqu’à ce que la patte d’oie supporte le mouillage. Relâchez suffisamment de chaîne pour que la patte d‘oie puisse s’allonger sous les efforts.

Bloqueur de chaîne d’ancre

Le bloqueur de chaîne se monte généralement sur le davier ou sur le pont entre le davier et le guindeau. Il sécurise la chaîne d’ancre lorsque le guindeau ne fonctionne pas et reprend les efforts à la place du guindeau.

Il est aussi utilisé pour arracher une ancre solidement plantée dans le fond sans forcer le guindeau : remontez la chaîne jusqu’à être à pic de l’ancre et installez le bloqueur de chaîne, continuez d’avancer sur l’ancre au moteur et la chaîne va exercer une traction verticale sur la verge de l’ancre pour la libérer du sol.

Marqueurs de chaîne d’ancre

Ils se présentent sous différentes formes et permettent de marquer avec des couleurs différentes les longueurs de chaîne en partant de l’ancre (par exemple 5m, 10m, 15m, 20m, 25m, etc.). Vous pouvez ainsi suivre la longueur de chaîne que vous larguez quand vous établissez votre mouillage.

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