Elles sont utilisées dans toutes sortes de situations provisoires ou permanentes : liaisons chaîne-ancre ou chaîne-câblot, installation de poulies ou de renvois, en extrémité de drisses, dans un amarrage provisoire, pour l’installation d’amortisseurs d’amarres, pour une liaison sur cadène, pour frapper (attacher) un cordage, etc.
Constituées généralement d’un étrier fermé par un axe mobile (aussi appelé manillon), elles sont disponibles dans des formes (en U droit, lyre, longue, avec barrette, etc.), des matériaux (bronze, acier inoxydable, acier galvanisé, textile) et modes de fermeture (axe mobile autobloquant, imperdable, à fermeture rapide, à vis, etc.) variés pour accommoder les différentes mises en œuvre.
Le type de manille à utiliser est fonction des efforts subis (charge de travail), de l’environnement de travail (immergée ou non, à poste sur le pont, en tête de mât, dans les voiles, etc.), de son caractère permanent ou non, etc.
En plus des traditionnelles manilles en acier ou bronze, on trouve aujourd’hui des manilles textiles réalisées le plus souvent en Dyneema® ou encore des manilles en aluminium ou titane.
Les manilles assurent la transmission des efforts d’un dispositif à un autre et doivent être dimensionnées en conséquence : par exemple, une manille montée sur une drisse de grand-voile doit supporter les efforts de tension d'étarquage (tension de la voile), s’il s’agit d’une manille d’amarrage, elle doit résister au même niveau d’effort que les amarres…
Ces seuils de résistances sont déterminés pour des conditions standards d’utilisation :
- Une manille doit travailler autant que possible dans l’axe longitudinal de l’étrier : sa charge de travail maximale se réduit
lorsqu’on s’en écarte.
- Évitez les tensions obliques sur l’axe de la manille, car il est dimensionné pour travailler avec des efforts perpendiculaires à son
axe : utilisez une manille à l’écartement adapté à son positionnement ou placez des rondelles sur l’axe pour le maintenir centré si
besoin.
- N’utilisez pas une manille dont l`étrier ou l'axe est déformé.
- Ne forcez pas une manille en position.
- Ne remplacez pas l'axe d'une manille par un axe différent ou un boulon : l’intégrité de la manille est rompue et sa charge à rupture
est modifiée.
- Au contact de pièces mobiles, n’utilisez pas une manille à axe vissé : sous effort, celui-ci peut se dévisser.
Les principales caractéristiques de résistance des manilles sont généralement gravées sur l’étrier :
- Charge de travail : exprimée en tonnes, c’est le niveau maximum d’effort que peut supporter la manille sans subir de dégradation
permanente.
- Charge à rupture : exprimée en tonnes, c’est l’effort qui conduit à la rupture de la manille.
Les différents types de manilles sont caractérisés par la forme de leur étrier qui est plus ou moins adapté aux conditions d'utilisation.
C’est le modèle le plus courant. Disponibles dans une large gamme de dimensions et de charges de travail, ces manilles conviennent à la majorité des situations. Leurs géométries font qu’elles sont particulièrement sensibles aux charges latérales ou désaxées sur l’étrier : les charges de travail et de rupture baissent (jusqu’à -50%) et elles peuvent se déformer.
Les manilles droites à étrier allongé sont aussi appelées manilles longues : elles sont notamment utilisées pour les drisses de grand-voile pour s’adapter à la position du point de drisse.
Les manilles larges ont quant à elles des étriers de grandes largeurs pour accommoder des cordages de forts diamètres (type amarres) ou pour enjamber des objets ou des points de fixations de fortes épaisseurs.
La manille cosse est une manille droite qui intègre une cosse à l’extrémité de son étrier permettant de réaliser une épissure sur cosse directement sur la manille pour plus de sécurité : aucun risque que la manille se coince dans la cosse au repos.
La manille à barrette est une manille droite longue qui dispose d’une barrette à l’intérieur de l’étrier afin de la maintenir en place. La barrette est généralement escamotable pour l’installation et permet à la manille au repos de rester correctement en place sur une drisse, un œillet ou une cosse.
La manille lyre présente un étrier arrondi, en forme de lyre, qui se resserre au niveau de l’axe. Elle supporte des chargements désaxés moyennant une charge de travail plus faible qu’une manille droite de même matériau et épaisseur d’étrier.
Ce type de manille est adapté aux efforts latéraux ou désaxés. D’autre part, l’écartement maximum de l’étrier (largeur de passage à l’intérieur) est plus important que pour une manille droite de même ouverture au niveau de l’axe.
Avec la forme arrondie de l’étrier, elle est moins sensible à un blocage en cas de désaxement au repos.
Ce type de manille est une manille droite torsadée à 90° dans l’axe longitudinal. Elle assure une jonction sans imposer d’efforts de torsion : par exemple pour pivoter l’axe de travail d’une poulie de 90°.
Les manilles textiles sont en Dyneema® ou tout autre fibre haute résistance. Elles sont généralement fabriquées à partir d’une tresse creuse avec une épissure à une extrémité et un nœud de sifflet de bosco à l’autre. Elles sont souples et s’adaptent à toutes les configurations de jonctions.
Elles sont idéales pour les voiles (points d’écoutes par exemple) ou sur des éléments du bateau susceptibles aux chocs et au ragage (mâts, zone avec gelcoat, etc.). Elles sont un bon moyen pour réduire les masses dans les hauteurs du gréement.
L’axe de la manille, ou manillon, ferme l’étrier en position. En particulier pour les installations permanentes, son blocage en position doit être garanti au maximum pour éviter les ouvertures non intentionnelles de la manille.
Son diamètre est fonction de la charge de travail ou charge de rupture de la manille, il est généralement plus gros que le diamètre de l’étrier. Le diamètre fil est le diamètre du trou dans l’étrier où l’axe vient se visser.
En option, un axe de manille peut de plus être (non exclusif) :
- axe imperdable : un dispositif garde l’axe en permanence solidaire de l’étrier de la manille même lorsque la manille est ouverte.
- axe autobloquant : la tête de l'axe se bloque dans une encoche sur l’étrier en fin de course pour prévenir une ouverture
accidentelle.
C’est le type d’axe ou de manillon le plus courant. Il est adapté pour des installations permanentes ou provisoires et se visse dans l’étrier pour fermer la manille. La tête de l’axe dispose d’un épaulement qui doit être au contact de l’étrier pour garantir une bonne fermeture de la manille et prévenir un dévissage accidentel.
Pour une installation permanente, l’axe peut être sécurisé en position avec un fil en acier inoxydable torsadé autour de l’étrier et passant dans la tête du manillon.
Ce type d’axe peut se visser/dévisser à la main contrairement aux axes 6 pans creux.
Avec un axe 6 pans creux, la tête du manillon s’insère dans l’étrier lorsqu’il est vissé en position pour fermer la manille. La tête ne dépasse plus et cela réduit les risques d’accrochages involontaires.
C’est une option qui convient notamment aux liaisons ancre-chaîne ou chaîne-câblot : cela facilite le passage dans le davier et réduit les risques d’accrochage lorsque la manille est sous l’eau.
Il faut une clé 6 pans pour visser/dévisser ce type d’axe.
Les manilles avec attache rapide n’ont pas de pas de vis et conviennent pour les installations temporaires où vous êtes amené à démonter ou installer rapidement une pièce d’accastillage ou un cordage.
Ce type de fermeture est généralement aussi imperdable.
Pour prévenir leur corrosion, les manilles sont fabriquées essentiellement en acier inoxydable ou en acier galvanisé. Les fabricants proposent aussi des manilles en titane ou en aluminium pour un meilleur rapport poids/résistance mais pour un coût plus élevé (manilles de drisses en particulier).
Ces matériaux ont remplacé le bronze qui reste cependant encore proposé pour l’accastillage des voiliers traditionnels ou historiques.
D’autre part, avec l’apparition des cordages à haute performance type Dyneema®, les manilles textiles se sont développées : elles ne sont pas sensibles à la corrosion et offrent des niveaux de résistance à la rupture comparables aux manilles en acier, en aluminium ou en titane.
Tout aussi fiables et durables que les manilles métalliques, elles sont cependant plus sensibles au ragage et requièrent un gainage supplémentaire pour être installées sur des points de fixation à faible rayon de courbure (type rail de fargue en profilé) ou à la surface rugueuse.
L’acier galvanisé est généralement choisi pour les manilles d’amarrage (côté quai par exemple pour monter un amortisseur) ou pour l’assemblage de la ligne de mouillage. Les considérations esthétiques ne sont dans ce cas pas primordiales et les traces de corrosion peuvent être le signe du remplacement de la manille.
Les manilles en acier inoxydable sont les plus répandues, avec différents choix de matériaux :
- inox 316 : c’est le plus courant, un bon compromis entre budget, résistance à la corrosion et à la rupture
- inox HR : la résistante à la rupture est plus élevée mais cet acier inoxydable est plus sensible à la corrosion
- inox duplex : c’est un acier inoxydable qui associe une résistance à la rupture élevée avec une bonne résistance à la corrosion, il
dispose des points forts de l’inox 316 et de l’inox HR
- inox 304 : utilisé pour les manilles découpées/embouties/pliées, c’est un acier inoxydable de moindre qualité qui résiste moins
bien à la corrosion.
Les manilles sont souvent des pièces de sécurité sur un bateau, la qualité de fabrication dans ce cas est primordiale. Les modes de fabrication courants des manilles métalliques sont :
- Métal coulé : le risque porte sur l’homogénéité de la structure finale du matériau et la présence éventuelle de bulles d’air qui
peuvent fragiliser la manille conduisant à des ruptures brutales (dites fragiles).
- Métal forgé : c’est la garantie d’une structure granulaire du matériau relativement homogène et d’une absence de bulles d’air, le
risque de rupture fragile est réduit et ce type de manille à tendance à se déformer avant rupture finale.
- Pliage /Découpage : les manilles pliées et/ou découpées sont généralement de moindre résistance et supportent très mal les
efforts latéraux.
- Usinage : la manille est produite en enlevant de la matière à un bloc de métal, cela peut induire des imperfections de surface qui
peuvent conduire à la rupture fragile de la manille.
Les étriers des manilles coulées et forgées sont souvent de sections circulaires de diamètre inférieur à celui des axes de manilles.
Leurs points forts sont :
- légèreté et résistance : jusqu’à dix à vingt fois plus légères que les manilles traditionnelles pour un même niveau de charge de
travail.
- facilité de mise en place : installation/désinstallation rapide et sans outils même après de fortes charges.
- absence de corrosion.
Pour garantir la résistance et la durabilité de votre manille, il est nécessaire d'identifier vos besoins dans chacune de vos utilisations.
Matériaux, modes de fabrication, formes de manilles et types d’axe vont dépendre de l’utilisation que vous en faites :
- La forme et les dimensions vont définir la largeur et longueur de passage disponible : suffisamment de longueur pour une tête de
drisse, un espace de passage suffisant pour le diamètre d’un cordage à frapper (qui vient s’y attacher), une forme de passage
adaptée à la fixation d’une poulie, etc.
- La forme de l’étrier doit aussi tenir compte de l’axe de travail de la manille : une manille droite pour des efforts dans l’axe de la
manille, une manille lyre pour des sollicitations désaxées ou multiples, une manille torsadée pour redresser/détordre un cordage
ou une poulie, etc.
- Le diamètre de l’axe peut être contraint par la jonction à mettre en place, par exemple la taille des maillons d’une chaîne impose
un diamètre maximum.
- Le caractère permanent ou temporaire de l’installation peut orienter le choix du type d’axe : une manille à axe à attache rapide et
imperdable pour les montages/démontages fréquents, un axe six pans creux pour une installation permanente, etc.
- La charge de travail et l’environnement conditionnent ensuite le choix du matériau de la manille : pour la ligne de mouillage, par
exemple, vous êtes contraint par la taille des maillons pour le diamètre de l’axe, par l’environnement de travail sous-marin avec
potentiellement des contacts avec des fonds marins rugueux type roches ou coraux (pas de manilles textiles et une bonne
résistance à la corrosion) et par une résistance à la rupture au moins équivalente à celle de la chaîne.
Le démanilleur est l’outil qui permet de monter et démonter facilement et rapidement une manille dont l’axe a une tête.
Les têtes de manilles sont souvent de petites dimensions et il est difficile d’avoir suffisamment de prise avec les doigts pour serrer correctement l’axe ou le desserrer.
Le démanilleur fait partie de la panoplie standard du marin, c’est un outil léger, multifonction et économique qui permet de disposer d’un bras de levier pour serrer et desserrer les manillons ou axes de manilles à tête.
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