Le noël du traileur (ou petite lecture pour chambrer, plus ou moins gentiment, son traileur adoré)
Alors que nous nous apprêtons à fêter un Noël des plus atypiques, le·a traileur·euse, lui·elle, a quelques (bonnes ou mauvaises) habitudes sur lesquelles il·elle ne compte pas transiger. Enfin, encore faudrait-il qu’il·elle prenne conscience de ces habitudes en question ! Tenez, cela nous donne une idée… Et si on le·a dénonçait ?

Ce Noël* s’annonce un petit peu particulier, inutile d’en rappeler les raisons, même les Martiens sont au courant. Certes, nous aurions pu taire le sujet de la-pandémie-dont-tout-le-monde-en-a-assez-d-entendre-le-nom, histoire que cet article puisse s’appliquer à tous les Noël passés et puis aussi à ceux à venir, mais il serait profondément injuste vis-à-vis de l’ensemble des efforts que nous avons accomplis ensemble que de prétendre que rien ne s’est passé en 2020.
Malgré cela, comme nous en avons l’habitude, sans pour autant en oublier le moins bon, c’est du bon tout court dont nous allons nous souvenir ! Et Noël, aussi étrange qu’il puisse s’annoncer, fera incontestablement partie des instants qui comptent…
En effet, les beaux moments étant reconnaissables dans la joie insoupçonnée qu’ils nous procurent, et votre incorrigible traileur·euse étant à l’origine de nombreux fous rires, il y a fort à parier que ce Noël et les autres, laissent en vous une trace indélébile… Notamment lorsqu’il est question des manies que votre traileur·euse suit chaque année minutieusement, et inconsciemment…
Décidément, la routine de Noël du·de la traileur·euse exaspère autant qu’elle réchauffe les cœurs !
*Noël, et d’ailleurs toute autre fête où le partage et la bienveillance sont les maîtres-mots de la journée.
La sortie pré-repas de noël, une tradition à honorer
Vous pensiez que Noël était un jour à part, une parenthèse où le temps se suspend. Vous croyiez qu’il vous serait enfin donné de vous délecter de la douceur de vos draps, de la chaleur de votre foyer, et du plaisir de traîner au lit en amoureux… avant que les enfants et le chien ne viennent vous tirer de votre rêverie en sautant sur le lit et en riant aux éclats. La vie avec un·e traileur·euse est à mille lieues de ce tableau (largement) inspiré des feuilletons à l’eau de rose diffusés à 14 heures au mois de décembre (que nous prenons tous·tes un plaisir coupable à regarder).
La vie avec un·e traileur·euse est beaucoup plus mouvementée que cela. Il y a d’abord le réveil qui sonne à six heures. Votre première pensée est alors qu’il·elle a dû l’oublier, et que vous allez pouvoir vous rendormir paisiblement en songeant au temps qu’il vous reste à somnoler. Mais c’était sans compter sur l’allumage de la lampe frontale au beau milieu de la chambre (le mode d’éclairage maximal étant bien entendu activé). Vous plongez votre visage dans l’oreiller, à peine conscient·e de la scène qui est en train de se jouer à quelques centimètres de vous. Puis, il y a le bruit de ses mains qui farfouillent désespérément à travers le dressing. Vous songez, “mais qu’est-ce qu’il·elle fiche ?”, et tentez même un “tu as perdu quelque chose ?”. Vous ne vous attendiez cependant pas à ce que votre traileur·euse vous lance un “oui, ma veste de trail”. Les pièces du puzzle s’assemblent soudain dans votre esprit… Le réveil, la frontale, la veste…
“Tu ne vas quand même pas aller courir ?!”
“Bah si, on a rendez-vous chez tes parents à midi et demi ! J’ai le temps de faire une sortie de deux heures… Au moins !”
Tant d’insolence ! Vous qui pensiez avoir tout vu en assurant ses ravitaillements de nuit dans le fin fond du Cantal ! Les conjoint·es de ses ami·es traileur·euses vous avaient pourtant prévenu·e que vous n’étiez pas au bout de vos surprises…
Et vous voulez savoir la meilleure ? Les enfants et le chien vont bien venir sauter sur votre lit (mais vous serez déjà réveillé·e depuis belle lurette), et vont ensuite réclamer l’ouverture des cadeaux… Bonne chance pour leur expliquer qu’il va falloir attendre que papa·maman rentre de sa sortie trail !
Liste au père noël pour faire plaisir à son·a traileur·euse
Lorsque vous menez (désespérement) l’enquête afin de savoir quel cadeau lui ferait plaisir, votre traileur·euse vous sert à chaque fois la même réponse utile, “ché pas ! T’embête pas, hein”. Oui, merci chéri·e, me voilà bien avancé·e sur la question. Heureusement pour vous, nous savons lire dans le cœur des traileur·euses et venons vous prêter main-forte dans cette périlleuse mission que celle de trouver un-cadeau-qui-fasse-son-effet !
Côté accessoires, il y a les classiques pour lesquels vous devez toutefois bien vous renseigner auprès d’expert·es. Par exemple, une montre cardio GPS est typiquement le genre de cadeau qui l’occupera toute la journée et qu’il·elle ajoutera même à sa tenue de Noël. Vous pensiez n’avoir que deux enfants ? Vous en avez désormais trois. Une veste technique (cela tomberait en plus à point nommé puisque, apparemment, il·elle ne retrouvait pas la sienne dans le paragraphe précédent), des chaussettes de contention, des bâtons de trail, ou encore un rouleau de massage sont également des cadeaux qui sauront se montrer utiles ! Concernant les chaussures, et à moins que vous soyez absolument certain·e de sa pointure et du modèle, nous vous conseillons de ne pas vous y risquer sous peine de commettre un petit flop. En effet, les pieds, c’est personnel, intime même, et une erreur ne pardonne pas... Vous comprendrez cela le jour où vous apercevrez ses panards après un ultra, mais vous n’en êtes peut-être pas encore là, alors inutile de paniquer… du moins, pas encore.
Côté cadeaux un peu plus funs, pourquoi ne pas offrir à votre traileur·euse un dossard pour la course de ses rêves, ou encore pour une course à laquelle il·elle n’a pas encore songé ? Bien sûr, espérons que le trail en question sera maintenu (les humains de 2020 comprendront la référence, et la trouveront d’ailleurs malvenue). Enfin, juste entre nous, une petite affiche signée Des bosses et des bulles® est un présent qui fait des heureux·euses à coup sûr !
Ah, nous avions presque oublié : n’hésitez pas, vous aussi, à lui indiquer ce qui vous ferait plaisir ! Le·a pauvre est complètement à court d’idées… Et n’a toujours pas compris que ce n’est pas en vous offrant toute la panoplie du·de la traileur·euse que vous aurez envie de vous y mettre. Commandez-lui donc un bon pour une sortie test à allure modérée (un cadeau qui se mérite et pour lequel il faut avoir été très sage) !
La "subtile" orientation de la conversation vers le trail
Le travail, la politique, et l’actualité font, chez vous aussi, certainement partie du top 3 des sujets les plus abordés, pour ne pas dire usés. Le fait que votre traileur·euse commence à ressentir des épines aux fesses après cinq bonnes heures passées assis·e à table ne vous a également pas échappé ! Aussi, parce qu’il est impossible de lui demander de se tenir sagement ET de ne pas parler trail, autorisez-le·a au moins à prendre la parole sur ce dernier sujet, vous verrez des étoiles briller dans ses yeux !
Vous ne vous en doutiez pas, n’est-ce pas ? Sa dextérité orale, la façon dont il·elle amène subtilement le sujet sur la table sur laquelle baignent les restes et les coupes de champagne à moitié vides. Entre le fromage et la bûche, sur fond de chants de Noël et d’estomacs en pleine digestion, alors que tout le monde commence doucement à baisser sa garde, le temps est venu pour votre amoureux·euse de donner l’assaut !
- “Hum, en parlant d’actualité, vous avez entendu parler de l’histoire de ce jeune homme qui s’est perdu deux jours en forêt ?”, la question semble innocemment posée, mais en vérité, il n’en est rien. Croyez-nous.
- “Ah oui, le pauvre ! Il en a eu de la chance, quand même !”
- “Mais, euh… Vous savez, s'il avait fait du trail au moins une fois dans sa vie, il aurait su qu’il ne faut jamais s’éloigner du balisage, et qu’il faut toujours prendre un peu d’eau avec soi !”.
Et voilà, le sujet est ainsi lancé de manière intelligente, même si l’expert·e que vous êtes avait immédiatement décelé la manigance. Votre traileur·euse, lui·elle, jubile : les questions de survie fusent désormais en tous sens. Oui, parce qu’à l’entendre, le trail, c’est une épreuve à part entière, Man vs. Wild® n’est qu’une vulgaire comédie face à la réalité du terrain. C’est ainsi que votre traileur·euse et la-fois-où-il·elle-a-dormi-sur-un-rocher-en-plein-trail ont amené leurs auditeur·trices vers le dessert sans même qu’ils·elles ne s’en rendent compte, et sans en laisser une miette… Pour le plus grand bonheur de mamie !
Coach d'un jour, mais pas de toujours
Pour impressionner son public avec de folles histoires en plein air, votre traileur·euse est un·e champion·ne… Mais pour ce qui est de le convaincre de se rallier à sa cause, il·elle pédale plutôt dans la semoule (ce qui n’est pas sans vous faire de la peine) ! Or, vos proches n’étant (pour l’instant) pas vraiment sportifs, pour que l’affaire soit gagnée (et haut la main), vous devez briefer votre traileur·euse afin qu’il·elle se présente au repas de Noël avec de solides arguments ! Aussi, nous vous avons préparé quelques conseils à lui délivrer incognito (comme s’ils venaient de vous, quoi, c’est cadeau) qui donneront envie à la tablée de s’essayer au trail.
1. Les gènes. Les membres de votre famille voient un·e extraterrestre en votre traileur·euse et se pensent incapables de l’imiter ? Plaidez la génétique : si il·elle peut y arriver, pourquoi pas eux ?
2. Les histoires à raconter. Et si la satisfaction qui émane de ses récits était à la portée de tous et toutes ? C’est la petite graine que votre traileur·euse doit minutieusement planter dans l’esprit des personnes qui l’écoutent. En plus, ce qui est super lorsqu’il est question de trail, c’est que les fioritures et les bobards ne sont pas requis (enfin, à peine), seule la passion parle, et d’elle-même en plus de ça !
3. Le défi. La méthode douce ne porte pas ses fruits ? Il est temps pour votre traileur·euse de sortir l’artillerie lourde. Pour ce faire, rien de tel que de piquer l’ego des personnes qui l’entourent : “chiche de vous inscrire au Trail des Trois Clochers qui a lieu dans huit mois ? Ça nous laisse le temps de nous y préparer”. Ah… Rien ne vaut la pression du groupe et une pincée d’adrénaline pour atterrir sur une course au beau milieu de laquelle on se demandera pourquoi on est là… Et pour récidiver, encore et encore !
Bref, contrairement à vous, votre traileur·euse n’a pas la plaidoirie dans le sang. Il·elle a besoin de vous. L’initiation au sport façon Barkley® qu’il a donnée à vos neveux et nièces en est la preuve : les visages ébahis de leurs parents lorsqu’ils ont aperçu leurs progénitures couvertes d’épines et de boue vous hantent encore.
La bûche de la vérité
Le moment tant attendu (ou tant redouté, selon les estomacs) est enfin arrivé, nous avons nommé : la bûche de Noël ! Après les discours enflammés de votre traileur·euse sur les bienfaits du sport et du bien-manger, vous ne vous attendiez toutefois pas à ce qu’il·elle reçoive la plus petite part de toutes. Et à voir sa mine déconfite, lui·elle non plus. Vous ne vous attendiez également pas aux regards inquisiteurs lorsque votre moitié s’est resservie une seconde fois. Et oui, c’est que ça mange, ces bêtes-là !
Il est donc temps de mettre fin au mythe qui consiste à croire que les sportif·ves mangent peu et exclusivement sain et équilibré 365 jours par an. C’est faux. Archi faux, même. Parce que les traileur·euses aiment duper leur monde en feignant une totale dévotion à l’art de la performance, les voir se faire prendre à leur propre piège est toujours un moment délicieusement magique ! Quel tableau surprenant, mais pas moins satisfaisant, qu’observer sagement un mythe s’effondrer dans le regard de l’autre. La vérité révélée au grand jour, enfin ! L’exemple auquel chacun·e pensait en essayant de résister à l’appel des chips, “Nico, lui, il aurait la volonté de dire non et de manger des radis”, et bien, cet exemple-là, n’est plus. Et c’est terrible. Oui, le traileur·euse mange, et plus que les autres en plus de ça.
Alors, finalement, c’est un peu à cela que sert la bûche de Noël : rétablir la vérité sur le bon coup de fourchette des traileur·euses ! Et puis, une fois la stupéfaction passée, c’est à l’admiration et à l’envie de faire leur entrée sur scène. Bah oui, faire du trail pour manger deux fois plus de bûche, c’est quand même une sacrée bonne raison de s’y mettre, non ?
Noël est décidément une journée spéciale. De révélations en révélations, il n’existe pas de meilleur moment pour voir tous les attendrissants vices de votre traileur·euse exposés aux yeux de tous·tes, et à vos yeux à vous en premier lieu. Alors, même si tout n’est pas joli-joli (coucou le réveil à six heures le matin de Noël), ce qui l’est néanmoins, c’est de voir combien vous n’êtes pas seul·e dans ce fabuleux pétrin : les traileur·euses sont tous·tes les mêmes… Bienvenue au club ! Et le pire dans tout ça, c’est qu’ils·elles ont tendance à déteindre sur leurs proches ! Alors, gare à vous !
Ah, et au fait, joyeuses fêtes de fin d’année !
Manon barré
MANON - Fille, sœur, et compagne de cyclistes. Traileuse* élevée en plein air, à l'école du sport. Particule ultra* en cours d'acquisition. Marathonienne et championne de France Junior 2013 du 10 000 mètres marche athlétique. Mordue d'histoires de sportif·ves.