Taquet d'amarrage, d'écoute, chaumard

À quoi sert un taquet coinceur sur un bateau ?

Pour conserver ses réglages ou bloquer un bout, les taquet coinceur sont des équipements indispensables.

Les taquets coinceurs sont constitués de deux mâchoires qui pivotent autour de deux axes munis de ressorts. Une fois que le bout se retrouve entre ces deux mâchoires, il va rester coincé. C’est un système simple qui est efficace. Pour libérer le bout, il suffit de soulever le cordage vers le haut. Il n’est donc pas possible de laisser filer un bout sous charge avec ce système. On retrouve couramment des coinceurs à la sortie de poulies.

Les coinceurs sont très courants sur les petits voiliers et sont utiles lors des manœuvres sur le gréement courant. Leur charge de travail étant limitée, ils seront moins utilisés sur les gros voiliers où leur usage sera limité à certaines manœuvres comme le réglage des écoutes.

Il existe aussi les conduits coinceurs de type Clamcleat. Ce sont des pièces sans mécanismes mobiles, les deux faces qui sont en contact avec le cordage ont des rainures qui vont coincer le cordage lorsqu’il est sous tension.

La plupart des taquets coinceurs sont en composite, mais certains peuvent également être en inox. Certains modèles sont munis d’un filoir ou d’un pontet de guidage permettant de maintenir le cordage à proximité lorsqu’il est libéré des dents crantées du coinceur.

Il est essentiel de faire votre choix en fonction du diamètre de vos cordages pour que le système soit efficace. Un diamètre trop petit ou trop élevé rendrait votre coinceur inutilisable.

L’invention du coinceur

Les taquets coinceurs sont une invention qui reste relativement récente. Ils ont été inventés dans les années 1930 par Manfred Curry. Avant cette invention, les cordages du gréement courant étaient bloqués par des cabillots, des taquets et différents nœuds marins.

Gustave Eiffel, le créateur de la tour Eiffel, s’est spécialisé dans l’aérodynamique en étudiant la résistance de l’air. Il a notamment travaillé sur les principes du fonctionnement des voiliers. Manfred Curry, alors âgé de 18 ans et jeune régatier, a pris connaissance des travaux d’Eiffel et a travaillé à appliquer ses principes d’aérodynamiques pour améliorer ses performances en navigation. Il a participé à plus de 1400 régates et est l’auteur de l’ouvrage « L'aérodynamique de la voile et l'art de gagner les régates » qui est un ouvrage majeur dans l’histoire de la voile moderne. Il cite très souvent les travaux d’Eiffel dans ses recherches et teste de nombreux équipements afin d’améliorer les performances des voiliers. C’est au cours de ces nombreuses expériences qu’il a inventé le taquet coinceur.

Les travaux de Gustave Eiffel et de Manfred Curry, bien que peu connus du grand public, ont été de véritables jalons dans l’histoire de la voile.

Quelle est la différence entre un bloqueur et un coinceur ?

Les coinceurs et les bloqueurs sont souvent confondus. Même s’ils permettent tous les deux de bloquer et maintenir des cordages sur un bateau, ils n’ont pourtant pas le même fonctionnement. Un bloqueur permet de libérer la tension sur le cordage lorsque la poignée est levée, ce qui n’est pas le cas d’un coinceur qui ne permet pas de laisser filer de bout sous charge.

Suivant les constructeurs, les bloqueurs peuvent avoir des fonctionnements différents. Ils disposent d’un levier qui, lorsqu’il est baissé, permet de compresser et de bloquer le cordage. Un coinceur, à la différence d’un bloqueur, n’a pas de système de verrouillage à poignée. La charge de travail d’un coinceur va être moins importante que celle d’un bloqueur qui sera très résistant. En effet, un bloqueur permet de bloquer de fortes charges et sera à privilégier à certains endroits stratégiques comme en amont des winchs. À leur proximité, on peut retrouver une installation de plusieurs bloqueurs qu’on appelle un piano.

Il existe également des bloqueurs textiles qui sont souvent utilisés sur les voiliers de régates ou de courses. Ce modèle de bloqueur n’endommage pas les cordages comme pourrait le faire un bloqueur traditionnel qui peut l’écraser ou occasionner de nombreux frottements. Ce système est léger et efficace, il fonctionne par le serrage d’une gaine en fibres textiles qui va bloquer le cordage.

Attention, certains types de cordages comme le Dyneema peuvent être plus glissants, rendant le bloqueur moins efficace. Il peut être nécessaire d’opter pour un bloqueur plus adapté à ces textiles.

Que ce soit pour les coinceurs ou les bloqueurs, les constructeurs indiquent un diamètre de cordage minimum et maximum. Un diamètre situé au milieu de ces deux valeurs sera le plus adapté et ne devrait ni glisser ni se détériorer trop rapidement. Un diamètre recommandé peut également être mentionné.

Les modèles proposés par les différents constructeurs ayant leurs propres spécificités, nous vous invitons à vous intéresser aux recommandations de chacun pour trouver le modèle le plus adapté à votre bateau et votre configuration.

L’installation et l’entretien des coinceurs

Nettoyez bien l’emplacement convoité et percez le support une fois le taquet coinceur positionné. Retirez-le ensuite pour fraiser l’entrée des trous afin de favoriser l’efficacité de la colle d’étanchéité que vous allez appliquer sur la surface. Repositionnez le taquet coinceur après avoir appliqué la colle d’étanchéité et vissez-le. Si vous n’avez pas accès à l’arrière de la surface sur laquelle sera fixé le taquet coinceur, penser à utiliser des écrous à sertir ou des chevilles à expansion. En cas de doute, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel pour vous faire conseiller.

L’entretien des coinceurs est plutôt simple, il suffit de les rincer régulièrement à l’eau douce et d’appliquer un dégrippant lorsque vous sentez que c’est nécessaire ou a minima lors de la révision annuelle de vos équipements et accastillage.

Quelles sont les alternatives pour bloquer un cordage ?

Les coinceurs et les bloqueurs ne sont pas les seuls moyens de bloquer un cordage. Des taquets classiques sont des équipements plus simples, mais qui sont également très utilisés. On retrouve les taquets d’amarrage qui sont en forme de « T » ou les taquets d’écoutes, qui ont une forme asymétrique.